Les colonnes fragmentées ou SPARSE sont apparues avec la version 2008 de SQL Server. Celles-ci permettent d’optimiser le stockage pour les tables ayant une majorité de colonnes avec une absence de valeurs (NULL). Cependant ce type de colonne n’est réellement efficace que si une table possède une majorité de valeurs NULL pour les colonnes concernées. Pourquoi une telle condition ? C’est ce que nous verrons dans ce billet.
Commençons par créer 2 tables :
CREATE TABLE T_WITH_NULL
(
col1 INT IDENTITY,
col2 CHAR(5) NOT NULL,
col3 DATETIME NULL,
col4 CHAR(5) NULL
);
GOCREATE TABLE T_WITH_SPARSE
(
col1 INT IDENTITY,
col2 CHAR(5) NOT NULL,
col3 DATETIME SPARSE,
col4 CHAR(5) SPARSE
);
GO
La première possède 2 colonnes définies à NULL (col3 et col4) et la deuxième possède les mêmes colonnes définies comme colonne fragmentée (SPARSE).
Insérons maintenant un jeu de données pour les 2 tables. On remplit la colonne « col2″ d’une chaine de caractère « TTTTT ». La colonne « col1″ est, quant à elle, alimentée automatiquement via la propriété IDENTITY. Les colonnes « col3″ et « col4″ restent à NULL.
INSERT T_WITH_NULL (col2) VALUES (‘TTTTT’);
GO 100000INSERT T_WITH_SPARSE (col2) VALUES (‘TTTTT’);
GO 100000
On peut maintenant visualiser le nombre de pages utilisées par chaque table à l’aide des DMV sys.partitions et sys.allocation_units :
SELECT
OBJECT_NAME(P.object_id) AS table_name,
P.rows,
A.type_desc,
A.used_pages
FROM sys.partitions AS P
INNER JOIN sys.allocation_units AS A
ON P.partition_id = A.container_id
WHERE p.object_id IN (OBJECT_ID(‘T_WITH_NULL’), OBJECT_ID(‘T_WITH_SPARSE’));
Le résultat est le suivant :
>> On remarque ici que le fait de définir une colonne comme colonne fragmentée a permis de réduire l’espace de stockage avec 235 pages pour la table T_WITH_SPARSE contre 403 pages pour la table T_WITH_NULL.
Réalisons maintenant le test inverse en remplissant les colonnes définies à NULL ou SPARSE.
CREATE TABLE T2_WITH_NULL
(
col1 INT IDENTITY,
col2 CHAR(5) NOT NULL,
col3 DATETIME NULL,
col4 CHAR(5) NULL
);
GOCREATE TABLE T2_WITH_SPARSE
(
col1 INT IDENTITY,
col2 CHAR(5) NOT NULL,
col3 DATETIME SPARSE,
col4 CHAR(5) SPARSE
);
GOINSERT T2_WITH_NULL (col2, col3, col4) VALUES (‘TTTTT’, GETDATE(), ‘TTTTT’);
GO 100000INSERT T2_WITH_SPARSE (col2, col3, col4) VALUES (‘TTTTT’, GETDATE(), ‘TTTTT’);
GO 100000SELECT
OBJECT_NAME(P.object_id) AS table_name,
P.rows,
A.type_desc,
A.used_pages
FROM sys.partitions AS P
INNER JOIN sys.allocation_units AS A
ON P.partition_id = A.container_id
WHERE p.object_id IN (OBJECT_ID(‘T2_WITH_NULL’), OBJECT_ID(‘T2_WITH_SPARSE’));
L’espace de stockage des 2 tables est le suivant :
>> Cette fois le nombre de pages requis pour la table avec colonnes fragmentées est plus important que celle qui possède des colonnes définies à NULL.
Comment cela est possible ? Pour le savoir il faut comprendre comment SQL Server stocke ces fameuses colonnes SPARSE dans une page de données. Pour cela nous devons utiliser les commandes DBCC IND et DBCC PAGE. (Dans mon cas les tables ont été créées dans une base nommée TEST).
– Récupération des pages de la table T2_WITH_SPARSE
DBCC IND (‘TEST’, ‘T2_WITH_SPARSE’, -1);
GO
– Visualisation d’une page de données de la table T2_WITH_SPARSE
DBCC TRACEON(3604);
GO
DBCC PAGE(‘TEST’, 1, 1179, 3);
GO
Le dump ci-dessus ne comporte que la 1ère ligne de données de la table. La partie qui nous intéresse ici est encadrée en rouge. Celle-ci concerne les colonnes SPARSE pour notre 2ème exemple. SQL Server stocke les colonnes fragmentées sous la forme d’une colonne VARCHAR spéciale représentant un vecteur qui se retrouve à la fin de chaque ligne de données.
Ce vecteur est composé des éléments suivants :
Nb d’octets |
Description |
|
Entête de colonnes complexes | 2 | Une valeur 05 indique le début d’un vecteur SPARSE |
Nb de colonnes SPARSE | 2 | Â |
Ensemble des ID de colonnes | 2 X nb colonnes SPARSE | Ensemble des numéros ordinaux des colonnes SPARSE dans la table |
Offsets des colonnes | 2 X nb colonnes SPARSE | Offset de chaque fin de position de chaque colonne SPARSE |
Données SPARSE | En fonction des données de colonnes dans la table |  |
Maintenant que nous avons le descriptif de la composition d’un vecteur sparse, il suffit de transposer ces informations à celles du dump de notre page. Pour la partie avant le vecteur je vous invite à voir ce précédent billet. La partie concernant le vecteur spare donne ceci (valeurs hexadécimales) :
00 05 : Entête du vecteur
00 02 : Nb de colonnes SPARSE : 2 (En décimal égale à 2)
00 03 et 00 04 : colonne numéro 3 et colonne numéro 4. Ceci correspond bien aux colonnes « col3″ et « col4″
00 14 et 00 19 : Offset des colonnes « col3″ et « col4″ (Valeur décimale 20 et 25)
00 00 9D FD 00 A8 1C D0 : Valeur de la colonne « col3″. Une donnée de type DATETIME est composée de 2 entiers (00 00 9D FD et 00 A8 1C D0 qui correspondent à 40445 et 11017242 en décimal. 40445 est le nombre de jours après le 1er janvier 1900 et 11017242 le nombre de ticks après minuit)
54 54 54 54 54 : Valeur de la colonne « col4″. En ASCII la valeur hexadécimale 54 correspond au caractère T.
>> Le vecteur SPARSE a enregistré les informations des colonnes qui possèdent une valeur non nulle. Celui-ci comprend à la fois le numéro de la colonne et sa valeur. Ce vecteur peut donc se représenté sous cette forme : (col2,col3)(valeur col2, valeur col3). Pour les colonnes fragmentées SQL Server est donc obligé de stocker plus d’informations. Par rapport à une table classique composée de colonnes définies à NULL, il existe des octets supplémentaires de gestion (octets d’entête + ensemble des Id de colonnes + offset des données ..), ce qui explique notre résultat de notre second test (Cas où une table avec colonnes SPARSE est remplie de valeurs NON NULL)
A titre de comparaison voici le DUMP d’une page de la table T_WITH_SPARSE qui possède des valeurs NULL pour les colonnes SPARSE :
>> Il n’existe aucune information concernant les colonnes SPARSE dans ce cas. Le vecteur SPARSE n’est pas présent.
Au fait que gagne t’on par rapport à une ligne de données de la table T_WITH_NULL ? Regardons le DUMP d’une page de cette table :
Le DUMP de la page de la table T_WITH_NULL montre que les informations concernant les colonnes « col3″ et « col4″ sont présentes même si celles-ci sont nulles. Ceci est normal car ces 2 colonnes possèdent des données de longueur fixe. Leur longueur est donc constante.
Comme nous venons de le voir, les colonnes SPARSE peuvent grandement aider à l’optimisation du stockage à la condition que celles-ci soient utilisées à bon escient. La mise en place de ce type de colonnes doit être murement réfléchie !!!
David BARBARIN (Mikedavem)
Elève ingénieur CNAMÂ
MVP SQL Server
Â
Si je comprends bien dans la démo tu t’intéresses au Nombre total de pages en cours d’utilisation ?
>> On aurait pû prendre data_pages pour la démo .. Ce n’était pas l’élément déterminant ici.
Je suis d’accord que si on s’interesse au data on a:
data_pages (sys.allocation_units) = page_count (sys.dm_db_index_physical_stats)
>> Si tu veux comparer avec les 2 vues il faut se mettre au même niveau .. donc utiliser la colonne data_pages de la vue sys.dm_allocation_units ou used_pages – 1 au choix
A+
Je suis d’accord que si on s’interesse au data on a:
data_pages (sys.allocation_units) = page_count (sys.dm_db_index_physical_stats)
Mais used_pages par définition c’est le Nombre total de pages en cours d’utilisation !
et
total_pages (sys.allocation_units) –> Nombre total de pages allouées ou réservées
Si je comprends bien dans la démo tu t’intéresses au Nombre total de pages en cours d’utilisation ?
A+
Hello Etienne,
Attention il n’y a pas d’erreurs de précision concernant la vue sys.allocation_units. Voici l’explication :
Si tu prends la colonne used_pages tu auras le nombre de pages de données utilisées + page IAM de la table (d’où l’écart trouvé).
Si tu veux vraiment réduire le scope aux nombres de pages de données il faut utiliser la colonne data_pages de ctte même vue et tu retrouveras à ce moment là le même résultat que pour la vue sys.dm_db_index_physical_stats.
Merci pour ton commentaire en tout cas
Mikedavem
Excellent article
Petite remarque concernant l’obtention du nombre de pages utilisées par chaque table :
J’ai constaté qu’il a un décallage d’une unité entre
used_page –> sys.allocation_units
et page_count –> sys.dm_db_index_physical_stats
Voici les requêtes que j’ai utilisé :
SELECT
OBJECT_NAME(object_id) AS table_name
,record_count
,alloc_unit_type_desc
,page_count
FROM sys.dm_db_index_physical_stats(DB_ID(), OBJECT_ID(‘T_WITH_NULL’), NULL, NULL, ‘DETAILED’)
SELECT
OBJECT_NAME(object_id) AS table_name
,record_count
,alloc_unit_type_desc
,page_count
FROM sys.dm_db_index_physical_stats(DB_ID(), OBJECT_ID(‘T_WITH_SPARSE’), NULL, NULL, ‘DETAILED’)
Il me semble que sys.dm_db_index_physical_stats est plus précis.
Ce problème est mis en évidence lors d’une de nos discussions sur ce forum :
http://www.developpez.net/forums/d974664/bases-donnees/ms-sql-server/administration/sys-dm_db_partition_stats-set-statistics-io/
A+
Etienne ZINZINDOHOUE