septembre
2014
Quel avenir pour Internet et le web ?
Le web serait-il en train de perdre ses principes fondateurs ?
En mars 1993, Sir Tim Berners-Lee réussit à convaincre le CERN (Organisation européenne pour la recherche nucléaire) d’adopter le World Wide Web (3W). En inventant le web, Sir Tim avait pour objectif de rendre simple et facile le partage de fichiers entre deux ordinateurs connectés. Le grand public a été rapidement conquis par les principes du 3W. Aujourd’hui, plus de 40% de la population mondiale est connectée à Internet, soit près de 3 milliards d’internautes dans le monde. Des chiffres qui confirment une véritable réussite d’Internet et en particulier celui du W3.
Idéalement, le principe fondamental du Web était de faciliter le partage d’informations entre les internautes, et ce, gratuitement. Le Web est utilisé pour faire des pétitions, pour faire valoir la volonté d’un peuple donné, pour lutter contre des faits, pour sauver des vies, etc. On se rappelle qu’en 2012, un Sud-Africain a été sauvé d’un kidnapping grâce à Twitter. Le Web, c’est également une technologie d’aide humanitaire. Par exemple, après le séisme d’Haïti, la société GeoEye a publié des images satellitaires des zones dévastées par le séisme sur le web sous une licence libre permettant à toute personne de pouvoir les utiliser. Ces images ont ensuite été utilisées par les secours sur Open Street Map pour rapidement retrouver les zones dévastées. Cet acte est une illustration de ce à quoi était promu le Web et son inventeur s’en réjouit.
Si le principe fondamental du 3W était un meilleur partage de connaissances, qu’en est-il aujourd’hui ?
Cependant, la navigation sur Internet est de nos jours monétisée. La plupart des sites internet font de la publicité intrusive ou ciblée, et les grands maîtres du domaine restent les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, …) et Google. Tous ces géants du web ont donné une autre forme d’utilisation au web et il faut dire que c’est grâce à eux qu’Internet fait maintenant partie du quotidien de monsieur « Tout le monde ». Une étude a même révélé que les mobinautes passent plus de 17% de leur temps sur Facebook. Le meilleur moyen de communiquer aujourd’hui reste donc les réseaux sociaux et aucune entreprise n’est plus en mesure de se passer de ce moyen de communication. Les géants du web en ont conscience et en profitent pour se remplir les poches.
De plus en plus de méfaits se font sur Internet par le biais du web. La vie privée des internautes est menacée ; les chiffres d’affaires de l’industrie de la pornographie croissent de jour en jour ; les entreprises prennent du plaisir à surveiller leurs employés sur le net. C’est notamment sur le web que l’on retrouve les plus grands propos racistes et les incitations à la violence. Les employés perdent un temps considérable sur les réseaux sociaux au lieu de travailler et cette situation provoque le plus souvent un « licenciement en ligne » de la part des employeurs. Rappelez-vous de la façon, dont Rakesh Agrawal, Directeur de la stratégie chez Paypal avait été licencié pour avoir critiqué ses collègues sur Twitter (voir image ci-dessous). La liberté d’expression semble être brimée, nombreux sont ces employés qui ont été licenciés pour avoir donné leurs points de vue sur des sujets donnés ou pour avoir critiqué.
La relativité des opinions n’existe presque plus sur Internet. L’Internaute doit désormais réfléchir maintes fois avant de donner son avis sur un sujet donné. Les publications sur le web se font désormais avec crainte. Il y a également la gestion des droits numériques (DRM) qui empêche un réel partage de connaissances sur Internet. Les menaces ont aussi pris de l’ampleur sur le Web. Souvenez-vous des nombreux comptes sociaux comme ceux de Skype ou encore de Forbes, qui avaient été détournés par l’armée électronique syrienne (SEA). En octobre dernier, un marocain de 17 ans avait été condamné pour trois mois de prison après avoir menacé Barack Obama de mort sur Twitter. Il fut accusé de « crime électronique ».
« Internet et les réseaux sociaux encouragent de plus en plus les gens à s’organiser, à agir et faire éclater au grand jour des méfaits commis aux quatre coins de la planète. Cela menace certains gouvernements et entraîne une augmentation de la surveillance et de la censure qui menace à son tour l’avenir de la démocratie » avait déclaré Tim Berners-Lee.
C’est grâce à Internet que le phénomène de cybercriminalité a pris de l’ampleur à tel point que nul n’est en mesure de suffisamment lutter contre. Les diverses révélations d’Edward Snowden au sujet de l’espionnage de masse de la NSA (retrouvez le dossier de la rédaction de Developpez.com sur l’espionnage de la NSA) et celui du GCHQ en Angleterre ont ravivé les inquiétudes au sujet de la vie privée sur Internet à tel point que Tim Berners-Lee plaide pour un projet de loi pour les internautes. A l’occasion du 25e anniversaire du Web, Sir Tim avait déclaré : « à moins que nous ayons un Internet ouvert, neutre sur lequel nous pouvons compter sans nous soucier de ce qui se passe au niveau des backdoors, il ne pourrait y avoir un gouvernement ouvert, une bonne démocratie, une bonne santé et une communauté connectée ».