La sortie de Qt 5.1 est prévue en release candidat pour le 27 mai. Cette version propose le support d’Android et iOS, bien qu’il était déjà possible de porter sur Android avec Qt 4.8 et le projet Necessitas. Je vais vous présenter ici comment créer une application Qt pour Android sous Ubuntu 13.04.
Vue d’ensemble
Avant de commencer, une remarque sur Windows. À priori, il est possible de travailler sur Windows. Cependant, les binaires Qt pour Android ne sont disponibles que pour Linux. Comme la compilation de Qt pour Windows est pénible et que je ne l’ai pas faite depuis longtemps, je présente seulement l’utilisation de Linux. Pour ceux qui aimeraient pouvoir utiliser Windows… tant pis pour vous
Je n’avais pas testé Qt sur Android depuis quelques temps, en fait depuis Qt 4.8 et Necessitas. Du coup, j’ai découvert le portage Android dans Qt 5.1 en même temps que je prenais des notes pour cet article. Comme base de travail, je suis parti des pages des pages de documentation de Qt : Qt – Android support.
L’utilisation de Qt sur Android nécessite l’installation de plusieurs outils :
- la version de Qt 5.1 pour Android : ok, on s’y attendait un peu. Contient la bibliothèque complète et Qt Creator ;
- le kit de développement (SDK) pour Android : permet de créer des applications Java pour Android et un simulateur pour tester ses applications ;
- le kit de développement natif (NDK) pour Android : permet de créer des applications C++ pour Android ;
- l’environnement d’exécution de Java (JRE) : nécessaire pour le SDK Android ;
- Apache Ant : pour faire beau. (bon ok, ce n’est pas que pour faire beau, ça sert au déploiement. Mais comme c’est un outil Java, je ne connais pas du tout).
Dans ce tutoriel, je vais montrer l’utilisation de Qt Creator, mais il doit être possible d’utiliser d’autres outils.
Installations
Installation de OpenJDK 7
Pour commencer, il faut installer l’environnement d’exécution de Java. Il est fort possible qu’il soit déjà installé. Dans la documentation, il est indiqué qu’il faut par exemple OpenJDK en version 6 ou plus récente.
Personnellement, j’avais la version 7. Cependant, j’ai eu des problème avec Apache Ant, qui me retournait une erreur. J’ai donc dû installer la version 6 en plus. Comme j’ai pas mal bidouillé, je ne suis pas sûr de la procédure. Si des personnes testent et remarquent des problèmes, n’hésitez pas à me le signaler.
Merci à rotoOm qui m’a indiqué l’origine du problème. Il suffit en fait d’installer le JDK en plus du JRE. Merci à lui pour l’information.
Vous pouvez tester si Java est installé avec la ligne de commande suivante :
Pour l’installation, j’ai donc utilisé les paquets fournis par Ubuntu. Il faut donc juste taper ces lignes de commande :
sudo apt-get install openjdk-7-jdk
Pour les autres systèmes Linux, vous pouvez consulter la page de documentation d’OpenJDK : How to download and install prebuilt OpenJDK packages.
Installation d’Apache Ant
Pour l’installation d’Apache Ant, même méthode, j’utilise les paquets Ubuntu :
Pour tester l’installation d’Apache Ant, vous pouvez taper la ligne de commande suivante :
Installation du SDK Android
Pourquoi installer le kit de développement Java ?
Pour commencer, on ne peut se poser une question : pourquoi installer le kit de développement Java et le kit de développement natif et pas simplement ce dernier ? La réponse est simple : parce qu’on ne peut développer que en Java pour Android !
Ok…
Donc cela veut dire qu’il faudra utiliser le binding Java de Qt ? On parlait pas de développement C++ dans ce tutoriel ?
Oui, pas d’inquiétude En fait, il y a un point à savoir sur les applications natives C++ sur Android. C’est une application Java qui appelle un « module » écrit en C++ (on utilise le terme « activité » en Java). Avec Qt, on va donc simplement créer notre code C++/Qt et Qt Creator va s’occuper de créer l’application Java qui appelle notre code.
Ouf !
Installation
L’installation du SDK Android est simple aussi… puisqu’il n’y a pas d’installation à faire. Vous devez simplement télécharger le kit de développement pour Android et décompresser l’archive. Ce SDK contient les outils de développement Android, des plateformes de compilation, l’éditeur Eclipse ADT (Android Developer Tools, configuré spécialement pour Android), un simulateur Android pour tester ses applications.
Pour installer d’autres outils, par exemple d’autres versions de plateforme, vous pouvez utiliser le SDK Manager. Dans Eclipse ADT, allez dans le menu Windows puis Android SDK Manager.
Tester Eclipse
Comme je suis curieux et que j’ai envie de voir un peu comment fonctionne une application Java sur Android, j’ai testé un peu Eclipse et Java. Ceux qui ne sont pas intéressés, vous pouvez passer directement à l’installation du NDK.
Pour cela, j’ai simplement suivi le tutoriel : Building Your First App (il faut reconnaître que la documentation est très claire et simple à suivre, même pour un développeur C++ comme moi).
Allez dans le répertoire d’installation du SDK Android puis dans le répertoire eclipse/. Celui-ci contient un binaire eclipse, que vous lancez. Si c’est la première utilisation d’Eclipse, il va falloir faire quelques réglages de configuration. En premier le Workspace (l’espace de travail d’Eclipse, dans lequel il range les fichiers). Personnellement, j’ai accepté toutes les valeurs par défaut.
Une fois qu’Eclipse est lancé, créez un nouveau projet de type « Android Application Project » dans Fichier puis Créer un projet. Un dialogue permet de donner un nom à votre application (c’est le nom qui apparaîtra sur le téléphone), la version minimale d’Android à prendre en charge et la version Android de destination. J’ai laissé par défaut. Vous pouvez ensuite choisir l’icône de l’application et le type d’activité. Choisissez BlanckActivity, qui va créer une activité « hello world ».
Après quelques minutes (je vais rien dire que la lenteur d’Eclipse…), un projet est créé, qui contient quelques fichiers et répertoires. Les plus importants sont :
- le fichier AndroidManifest.xml : contient les informations sur l’application, en particulier les versions minimale et ciblée de la plateforme ;
- le répertoire res/layout/ : contient les interfaces de l’application, décrites dans des fichiers XML ;
- le répertoire src/ : contient les sources Java du projet. Dans ce projet par défaut, il lance simplement une activité, qui affiche l’interface décrite dans le fichier XML de layouts/ ;
- les répertoires res/drawable-xxx/ : contient les images de l’application.
Comme c’est une application Android, vous ne pouvez pas simplement la lancer comme une application de Bureau classique. Il existe deux méthodes pour la lancer : utiliser un simulateur ou déployer sur un téléphone.
Tester l’application sur simulateur
Pour cela, il faut dans un premier temps créer un simulateur. Le SDK Android est fournit avec un gestionnaire, permettant de créer différentes configurations pour le simulateur, permettant ainsi de tester l’application sur plusieurs types de téléphone.
Allez dans le menu Windows puis Android Virtual Device Manager. Dans le dialogue, créez un nouveau périphérique en cliquant sur « New », puis configurez selon le type de téléphone que vous voulez tester. Par exemple, comme j’ai un téléphone Samsung Galaxy S1, j’ai choisit un écran 4″ en 480*800. Après la création du périphérique, lancez-le.
Lancez ensuite l’application en ouvrant le fichier java (dans src/) puis en cliquant sur le bouton Run. Un dialogue « Run As… » s’ouvre pour choisir comment exécuter l’application. Choisissez Android Application. Normalement, l’application devrait se lancer.
Tester l’application sur téléphone
Bon, un simulateur, c’est bien, mais on aimerait avoir l’application sur un vrai téléphone pour tester. Ce n’est pas très compliqué non plus, mais il va falloir faire une manipulation sur le téléphone. Celle-ci permet d’activer les fonctionnalités de développement du téléphone, en particulier le Debug Mode USB, qui permet de déployer des applications via un cable USB.
Pour Android 4.2, allez dans les paramètres puis dans le menu À propos du téléphone. Cliquez plusieurs fois sur Numéro de build par activer le mode développeur. Vous allez avoir un message confirmant le passage en mode Debug. Revenez ensuite à l’écran précédent et allez dans les options de développeur. Activez le mode Debug USB. Pour les autres versions d’Android, vous pouvez consulter la page suivante : Run on a Real Device.
Pour terminer, il suffit de brancher le téléphone sur l’ordinateur avec un câble USB puis de lancer l’application comme précédemment. L’application devrait se lancer sur le téléphone.
Installation du NDK Android
Rien de compliqué ici non plus, il n’y a pas d’installation à faire, il faut simplement décompresser l’archive.
Installation de Qt Android
Le plus simple, comme indiqué au début de ce tutoriel, est d’utiliser les binaires fournis de Qt 5.1 pour Android. Si vous n’utilisez pas Ubuntu, il vous faudra compiler Qt vous-même. Bon courage
Lancez le binaire Qt pour Android. Le processus d’installation est classique, avec une particularité : le SDK propose par défaut l’installation de Qt Desktop, mais pour Android (versions ARM ou x86), il faut l’activer soi-même. Une fois l’installation finie, allez dans les répertoires Tools, QtCreator, bin puis lancez qtcreator.
La première étape va être de configurer Android. Pour cela, allez dans le menu Outils puis Options. Dans la liste de gauche, allez dans Android, puis configurez les répertoires du SDK et du NDK. Cochez la case pour laisser Qt Creator créer automatiquement les kits de compilation.
Il faut ensuite créer un périphérique pour le simulateur si ce n’est pas encore fait. Pour cela, cliquez sur le bouton Start Android AVD Manager.
Cliquez sur New pour créer un nouveau périphérique. Choisissez le type de Device (pour simuler mon Galaxy S, j’ai donc choisit un 4″ en 480*800). N’oubliez pas d’activer la prise en charge du GPU (Use Host GPU) pour que Qt puisse utiliser OpenGL ES.
Pour créer une application Qt, allez dans le menu Fichier puis Nouveau projet. Choisissez un projet compatible avec Android (par exemple Application Graphique Qt ou Application Qt Quick 2 (élément de base)).
Dans un premier temps, le simulateur se lance.
Puis l’application à la fin du déploiement.
Pour déployer sur un téléphone (préalablement passé en mode Debug USB, voir au début), il suffit simplement de le brancher, Qt Creator lancera alors l’application dessus.
Conclusion
Rien de très compliqué finalement. Le déploiement est relativement simple une fois que les outils sont configurés. Reste plus qu’à tester les performances.
Pour ceux qui sont intéressés par Qt Quick, je rappelle le livre auquel je participe : Créer des applications avec Qt 5 – Les essentiels. J’ai en particulier participé à la rédaction de Qt Quick. C’est encore une pré-version du livre final, mais il y a déjà pas mal de choses sur Qt Quick. Et n’hésitez pas à me dire s’il y a des points que vous souhaiteriez voir abordés dans ce livre.
Si vous êtes intéressé par Qt Quick sur mobile, je fais une présentation le 5 juin à Paris. Contactez-moi par MP pour plus d’informations.
Merci à prgasp77 et winjerome pour leur relecture orthographique.