Retour sur la conférence « Les farfadets du génie logiciel », par Laurent Bossavit

Cette présentation était intéressante dans la mesure où elle se démarque un peu des autres conférences du Scrum Day 2012. Laurent Bossavit ne nous a pas expliqué les mécanismes de Scrum ou les secrets de la gestion d’équipe mais nous a invité à réfléchir à propos de certaines croyances bien ancrées dans nos esprits. Or elles se révèlent parfois douteuses.

Plus concrètement, nous croyons à plein de choses. On y croit parce qu’on nous l’a dit et démontré, avec des chiffres à l’appuie. Mais d’où viennent donc ces résultats si importants ? Mais les fabriquent ? L’orateur prend les bugs en exemple. On prétend que « 56% des bugs d’un projet logiciel sont introduits lors du recueil d’exigences » (sic) mais comment le sait-on ? Y aurait-il un petit lutin qui examine tous les projets de la Terre pour en tirer des statistiques ? Bien sûr que non ! Cette valeur, qu’on retrouve massivement dans la littérature est simplement issue d’un projet unique, mal conduit, manifestement en situation d’échec et à partir duquel un « spécialiste » s’est permis de généraliser.

Dans la même veine, qui a fait de l’Agile a déjà entendu parler des plusieurs graphes (trop) connu à propos du prix des bugs : coût relatifs de correction des défauts (Boehm 1976, version exotique de Leffingwell 1996), coût du changement (Beck 2000), etc. Ces graphiques montrent souvent la même chose, avec des courbes similaires, mais avec des échelles différentes sur les axes. C’est un comble pour des résultats fiables. Encore une fois, ce sont juste des valeurs issues d’un projet diabolique chez un éditeur, mais qu’on a généralisé (à tort évidement) au reste du monde.

Laurent nous conseille d’avoir un réflexe critique et/ou septique à chaque fois qu’on est sur le point de faire un choix sur la base d’un élément dont on ne connait pas vraiment la provenance. Si on ne le fait pas, toutes les hypothèques, même les plus délirantes, peuvent convaincre. A ce tarif, on peut aussi prétendre que ce sont des petits farfadets qui écrivent des bugs dans les programmes lorsqu’on a le dos tourné, d’où le titre de la conférence.

Toutefois, c’est dans la nature humaine de généraliser à partir de cas spécifiques mais ce n’est pas une démarche scientifique. La presse (par exemple Wikipedia) demande des citations pour preuve. C’est souvent suffisant mais il suffit qu’une erreur soit publiée pour faire office de parole divine. Rectifier le tir devient alors un chemin de croix. Ainsi, si vous détectez qu’une information massivement diffusée est erronée, on va d’abord vous demander de publier une contre thèse avant de corriger l’erreur. Et bien entendu, conformément à la pratique « sources needed », vous devrez fournir des références pour appuyer vos dires. Or comment fournir une telle liste lorsque c’est la version « officielle » que vous attaquez ? On se mord la queue.

Nos parent disaient fallait utiliser des cycles en V pour fabriquer des logiciels. Aujourd’hui, on utilise la même démarche en V pour dire (appuyer) que c’est de l’agile qu’il faut faire…

Pour finir, et ça va dans le même sens que cette conférence, je vous invite à lire un billet du blog « la vie moderne » dans lequel l’auteur (Loys) explique comment il « a pourri le Web » en diffusant ingénieusement de fausses informations dans le but de piéger ses élèves.

ROTI* : 2/5 Une bonne présentation mais hors sujet par rapports à mes centres d’intérêts. Et trop de banalités. En outre un certain nombre de conclusions (non abordées dans ce billet) me semblaient incorrectes.

(*) Un ROTI est une notation personnelle, qui change en fonction des attentes de chacun. D’une personne à l’autre, les impressions peuvent changer du tout au tout.

MAJ : Après deux mois de réflexion, je me rend compte cette présentation m’a beaucoup fait réfléchir, et continue de le faire. Je ne suis toujours pas d’accord avec un certain nombre de points et ça ne changera probablement pas. Toutefois, je me surprend à remettre systématiquement en cause toutes les informations qu’on me donne. Le débat présidentielle a été une grande source de question pour moi. Du coup, je relève la note de mon ROTI à 3/5.

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