Pour tout aspirant au rôle de Scrum Master, cette conférence était inévitable puisqu’elle traitait des « formations certifiantes » dispensées par des SSII comme Xebia. Le sujet est complexe et fait débat au sein de la communauté Agile, qui s’interroge sur le bienfondé d’une certification à un poste dont les compétences relèvent plus de la pratique et de l’expérience, que d’une somme de connaissances.
Or, d’après les deux orateurs, consultants de ladite société de service, le constat sur le terrain confirme la légitimé de la polémique. Il faut d’ailleurs beaucoup de courage et/ou de fair play pour admettre qu’un produit vendu par son propre employeur ne fournit aucune garantie de réussite, même si les retours sont globalement positifs.
Plus concrètement, un bon Scrum Master tire sa force des situations qu’il a déjà affrontées. Il apprend de ses échecs et rebondi sur les difficultés. Son expérience lui permet de guider ses équipes, même à l’aveuglette. Il sait reconnaitre les signes importants et s’adapter aux cas particuliers. De nombreuses personnes oublient néanmoins qu’ils dévient de l’agilité en se focalisant trop sur l’application stricte (ou scolaire) de Scrum.
A travers leurs observations chez leurs clients, les orateurs, Gilles Mantel et Jean-Laurent De Morlhon, ont tiré le constat suivant. Certaines erreurs, commises par les Scrum Master, sont dues à l’inexpérience ou à une situation nouvelle. Les choix qui sont alors effectués peuvent causer du tort aux projets et aux équipes.
En tant que coachs Agile aguerris, Gilles et Jean-Laurent nous ont proposé une conférence articulée autour d’une cinquantaine de règles à appliquer au jour le jour dans la vie d’un Scrum Master. La quinzaine de points plus particulièrement abordés (pas assez de temps pour passer la liste complète en revue) étaient pertinents et tiennent en grande partie du bon sens : connaissance des valeurs Agiles, transparence mais pas indécence, etc. Les orateurs ont agrémenté la présentation de chaque règle avec des exemples de situations vécues et des scénarios de déblocage utilisant ladite règle.
On peut classer ces règles dans deux catégories : les règles à appliquer en rythme de croisière et les règles de crise, qui court-circuitent justifiées par le contexte. Un point important sur lequel ont toutefois insisté les deux coachs était que ces règles ne devaient pas faire office de parole divine. En prenant de la bouteille, vous saurez de mieux en mieux désamorcer les situations et sortir des impasses. C’est votre expérience et votre style qui fera de vous un bon Scrum Master. Par contre, ces règles constituent une très bonne base de départ pour quelqu’un fraichement sortie d’une formation CSM.
La FrenchSUG devrait mettre en ligne la vidéo de cette conférence, je vous encourage fortement à la visionner. La présentation était très drôle dans la forme et la Scrum Master Academy a tenu ses promesses. De loin, on dirait un show d’un duo comique mais, de près, on apprend beaucoup.
ROTI* : 5/5
Note : ce billet a été coécrit avec Hing Chan, auteur du blog « Scrum Agile et des bonhommes ».
(*) Un ROTI est une notation personnelle, qui change en fonction des attentes de chacun. D’une personne à l’autre, les impressions peuvent changer du tout au tout.