avril
2009
L’une des utilisations des cartes mentales (aussi appelées cartes heuristiques) est la prise de notes (au sujet d’un cours, de la lecture d’un livre, sur n’importe quel travail en cours). Tony Buzan, l’inventeur des cartes mentales, critique fortement la prise de notes traditionnelle : il considère que 90% des mots qui sont écrits ne servent à rien (donc 90% de l’effort d’écriture serait du gaspillage, et 90% de la ou les relectures serait aussi du gaspillage !). Dans Une tête bien faite, il va même beaucoup plus loin, et donne des exemples d’élèves assez mal jugés par leurs enseignants, qui ont des prises de notes traditionnelles défectueuses, et qui pourtant font de remarquables cartes mentales. Son idée est que l’on peut très mal juger un enfant quand on lui impose une certaine manière de s’exprimer.
En tout cas ceux qui se mettent à travailler avec des cartes mentales regrettent vivement de ne pas avoir appris ces techniques plus tôt, et pourquoi pas très tôt à l’école. Enseigner les cartes mentales ne demande que peu d’efforts, alors pourquoi s’en priver ? Heureusement certains enseignants travaillent déjà avec des cartes. Voici le témoignage d’un professeur de français :
Tous les élèves n’ont pas forcément adhéré à l’utilisation des cartes heuristiques, que je n’ai absolument pas voulu imposer, mais bon nombre d’entre eux y ont trouvé un outil d’une grande utilité pour organiser leurs idées, préparer leurs fiches de révision au baccalauréat et appréhender l’épreuve finale.
Ce professeur écrit également :
Avec plusieurs collègues, nous avons constaté que les épreuves orales de simulation (oral blanc) sont souvent de qualité décevante, la plupart des exposés étant trop brefs et les candidats étant déstabilisés par une forme inédite d’examen faisant appel à des aspects communicationnels inconnus.
C’est assez proche de l’idée de Buzan sur les dangers d’imposer une manière (inconnue) de s’exprimer, non ?
Sur la même page, regardez également la vidéo de 6 minutes avec les témoignages du prof et de ses élèves. Je pense qu’ils utilisent freemind. Je regrette simplement que leurs cartes mentales n’utilisent pas des images comme je le conseille dans un billet précédent, ils exploitent essentiellement la facilité de créer des arborescences et de réorganiser. On retrouve un peu le même défaut sur les cartes heuristiques de cette page du ministère de l’éducation nationale. J’ai tout de même été agréablement surpris de découvrir que le ministère liste les cartes mentales parmi les pratiques pédagogiques !
Alors si vous voulez essayer de prendre des notes avec des cartes mentales, voici les sept règles proposées par Buzan :
- Commencer par une image centrale en couleurs, car une image remplace beaucoup de mots, encourage la réflexion créative, améliore la mémoire.
- Utiliser des images dans toute la carte. C’est la règle qui n’est pas bien mise en valeur sur les pages du ministère !
- Ecrire en majuscules car c’est plus lisible lors de la relecture. Cette règle ne me paraît pas vitale avec un logiciel.
- Ecrire les mots sur des lignes, et relier les lignes pour faire apparaître la structure de la carte.
- Ecrire un seul mot par ligne. Personnellement je ne respecte pas trop cette règle, en tout cas avec un logiciel.
- Utiliser des couleurs dans toute la carte. Je dois m’améliorer sur ce point, je sous-utilise les couleurs. L’argument de Buzan est « elles améliorent la mémoire, sont agréables à l’oeil et stimulent le mécanisme cortical droit ».
- Garder l’esprit aussi libre que possible, noter les idées le plus vite possible sans rechercher forcément structure et directions. Cela viendra dans un deuxième temps.
Enfin, à titre d’illustration je vous propose une de mes cartes de prise de notes lors de la lecture d’un livre. Tout d’abord ma version initiale (sans couleurs mais avec des images), puis ci-dessous une deuxième version où j’ai introduit des couleurs après avoir révisé les sept règles pour ce billet.
Version colorisée (j’ai également mis un dessin d’Emmanuel Chenu en image centrale – dommage il n’est pas en couleur !) :
Vous pouvez télécharger la carte finale au format PDF, ou encore au format MindManager.
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Salut Gilles, merci pour ce témoignage. En effet une mindmap a une valeur assez personnelle, et il vaut mieux faire des essais et trouver ce qui nous convient le mieux.
A+
Bruno
Salut Bruno,
Je viens de découvrir ton blog et je suis bien content de pouvoir y lire tes réflexions sur des sujets sur lesquels tu m’as initié « de vive voix ».
Il est bien sûr parti illico dans mon agrégateur…
Concernant les cartes heuristiques, mon humble avis basé sur ma petite expérience est que la carte dessinée à la main a une plus grande efficacité sur la mémorisation. Même en étant mauvais dessinateur (et c’est mon cas), tracer des traits à la main permet, je trouve, de solliciter encore plus le cerveau dans sa globalité. C’est un peu comme si les traits sur le papier gravaient directement les images dans la tête ( aïe ! ).
Sinon, pour répondre à Daoud, j’ai vu des exemples de cartes sans aucun texte qui étaient très parlantes (je ne les aient pas retrouvées en quelques clics, mais de mémoire elles étaient sur le site de pétillant); a mon avis tout dépend du contexte et de la façon que chacun d’entre nous a d’aborder un problème et de le représenter.
Je crois que le mieux est de produire des cartes en essayant de varier sa façon de faire pour déterminer celle qui est la plus efficace pour soi, car une mindmap est finalement une production assez personnelle.
Bonjour le Daoud, ca me fait plaisir que des lecteurs essaient d’utiliser les cartes !
C’est bien de commencer « à la main » de toute manière. Et c’est vrai que l’on constate immédiatement les bénéfices. Il semble que ce format « plaît » à notre cerveau – en tout cas à certains cerveaux.
Au sujet du volume d’images, je dirais que ca dépend ! De toi, du sujet traité, … Si tu utilises beaucoup de couleurs tu auras peut-être moins besoin d’images.
Va voir par exemple la page http://www.mind-mapping.co.uk/mind-maps-examples.htm, ca pourrait t’aider à trouver un style qui te convienne. Par exemple les cartes de la vie de Marie Curie et de Shakespeare ont beaucoup d’images, même plus que de mots. D’autres cartes jouent essentiellement sur les couleurs des branches et ne comportent aucune image. Trouve ce qui te parle le plus.
Bruno
Bonjour,
Suite à ton article précédent, j’ai commencé à me renseigner sur les cartes mentales. J’ai tout de suite accroché au principe et j’ai assez rapidement décidé d’acquérir un livre que j’attends impatiemment.
Cependant, étant actuellement en phase d’acquisition sur un projet, et plus particulièrement en phase de formation fonctionnelle, j’en ai profité pour tout de suite essayer cette pratique. Je n’ai pas utilisé de logiciel, uniquement des feuilles et un stylo.
Le résultat est clairement concluant, car je n’ai rien perdu par rapport à une prise de note standard, et j’ai acquis immédiatement une structuration/hierarchisation de l’information précieuse lors de la relecture mais aussi directement pendant la formation.
Un point qui m’interpelle : l’utilisation d’image. Aussi bien lors de la saisie que lors de la relecture, je n’arrive pas à voir la pertinence d’un grand volume d’image. Parcimonieusement me paraît pertinent, mais une carte comme un sapin de noël ne perd-elle pas en lisibilité ?