avril
2013
Un article de Bruno Orsier
La directive première (la "prime retrospective") est une phrase que j’utilise avec les équipes novices :
Regardless of what we discover, we understand and truly believe that everyone did the best job they could, given what they knew at the time, their skills and abilities, the resources available, and the situation at hand.
— Norm Kerth
Voici la version française :
Indépendamment de ce que nous découvrons, nous comprenons et nous croyons sincèrement que chacun a fait du mieux qu’il pouvait, compte tenu de ce qu’il savait à l’époque, de ses compétences et de ses prérogatives, des ressources disponibles et de la situation du moment. http://www.fabrice-aimetti.fr/dotclear/public/traductions/pagesretros/retroPrimeDirective-fr.html
Cette formule me paraissait au début un rituel un peu vide de sens, qui n’aurait peut-être de sens que pour des Anglo-Saxons friands de telles formules creuses, et qui ne marcherait pas vraiment avec des Français.
Que pensez-vous de cette formule ? Est-ce que vous l’utilisez ? Uniquement avec des équipes novices ou bien aussi des confirmées ? Est-ce qu’elle fonctionne en France ?
J’ai récemment eu le plaisir de découvrir un billet de Martin Fowler sur ce sujet, et il met précisément le doigt sur ce qui me dérangeait au début avec cette formule :
This kind of advice generates in me a feeling of deep revulsion. Immediately it brings to mind images of motivational posters, school prayers, and two-minutes hate. Empty rituals, designed to quench curiosity and innovation, presided over by those whose minds are too empty to share my distaste.
En gros il relie cette formule aux divers rituels conçus pour étouffer la curiosité et l’innovation !
Mais il poursuit son billet en reconnaissant que ce type de formule peut avoir de réels bénéfices, d’autant plus qu’un mécanisme psychologique appelé “amorçage” (priming) est mis en jeu – et que ce mécanisme a une puissance assez effrayante sur nos cerveaux.
Donc il ne faut pas se priver de l’utilisation positive et puissante d’un tel rituel.
Après avoir présenté cette directive première, je fais aussi souvent référence à Deming, qui avait constaté que la majorité des problèmes organisationnels viennent des systèmes (l’ensemble des procédures, la structure hiérarchique, la culture, les relations entre entités de l’organisation) et non pas des gens qui travaillent dans le système.
Pour moi c’est l’essence de l’activité de rétrospective: trouver comment modifier le système dans notre zone d’influence pour améliorer notre situation. Et finalement la formule de Norm Kerth ci-dessus est une excellente introduction à cette recherche.
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