décembre
2008
Voici mes notes sur la matinée portes ouvertes sur le coaching à la CCI de Grenoble, dont Alexandre Boutin a d’ailleurs déjà publié un compte-rendu. 70 personnes environ y ont rencontré 16 coachs professionnels.
Je suis allé à cette rencontre afin de voir ce que le coaching pourrait éventuellement m’apporter dans notre contexte de bilan du passage aux méthodes agiles. Ce bilan, que j’ai déjà partiellement évoqué lors de Agile Tour 2008 à Grenoble, entraîne une réflexion sur le rôle du chef d’équipe dans un contexte agile, que l’on peut (sommairement) résumer en « à quoi sert le chef d’équipe ? ».
Bonne surprise dès l’introduction faite par les coachs professionnels (qui n’ont rien à voir avec l’agilité) : ils ont souligné que le coaching suscite beaucoup d’intérêt à cause de la difficulté de prendre des décisions dans des domaines complexes, dans des situations avec beaucoup d’incertitudes. De plus ces situations ont des impacts organisationnels sur les entreprises, lesquelles adoptent des organisations de plus en plus transversales pour avoir de la flexibilité et s’adapter aux changements. Tiens, tiens… une organisation plus à plat et plus transversale est justement l’une des pistes (peut-être même la seule) pour faire évoluer la nôtre pour mieux nous adapter à l’introduction de Scrum/XP…
Les coachs ont de plus souligné que ces changements sont difficiles pour les managers intermédiaires, dont la zone de responsabilité devient plus floue et qui peuvent y laisser leur motivation.
J’ai bien adhéré à cette partie de l’introduction. Un autre aspect de l’introduction consistait à placer le coaching sur le terrain du développement durable, mais ce fut moins parlant pour moi. J’ai quand même bien aimé la métaphore du jardinage (apparemment les coachs aiment bien travailler avec des métaphores – ca tombe bien, moi aussi). Donc le coaching ce serait un peu comme jardiner son propre jardin, et les mêmes mots vont pouvoir être employés : enrichir, arroser, semer, éclaircir (les mauvaises herbes), greffer, protéger, essayer, récolter. D’autre part, comme chaque jardin est différent, le coaching devra s’adapter au CONTEXTE de chaque client. De plus dans les deux cas certaines choses sont indispensables : l’humilité (le jardinier ne maîtrise pas la météo), la persévérance (il faut jardiner quasiment tous les jours), un bon rapport au temps (difficile de faire pousser plus vite). Enfin le coaching doit respecter l’écologie du client (respecter sa nature profonde).
Je passe rapidement sur l’aspect suivant qui était de nous rassurer sur l’extrême professionnalisme des coachs, en tout cas de ceux qui sont certifiés, qui se traduit par la supervision, la déontologie, l’excellence, la formation, etc. Pour plus de détails voir le site d’ICF France et notamment les 11 compétences du coach.
Un point pratique important est le contrat liant le coach et son client. Il est important de comprendre que dans un cadre professionnel, c’est un contrat entre le coach, le client, le manager du client, et un responsable RH s’il y a lieu. Ce contrat indiquera les objectifs du coaching, les résultats attendus et les indicateurs, des points de rendez-vous (avec renégociation possible des objectifs) et enfin un nombre d’heures maximum. Pour ce dernier point, le coaching doit avoir une durée limitée dans le temps (ce qui devrait permettre d’éviter les éventuels phénomènes psy type transfert). Justement, afin de répondre aux inquiétudes sur la frontière entre le coaching et la psy(chanalyse, cothérapie), il a été clairement précisé le coaching va s’intéresser au futur (un objectif) et au comment, tandis que la psy va plutôt s’intéresser au passé et au pourquoi. Il ne devrait donc pas y avoir de confusion.
J’ai également assisté aux trois « ateliers » (plutôt des questions-réponses) intitulés Démystifier le Coaching, Coaching et Formation, Coaching individuel et d’équipe.
Dans le premier atelier j’ai bien aimé le schéma suivant dessiné par un des coachs, car j’ai déjà croisé plusieurs fois ce principe, qui me paraît être un outil de raisonnement intéressant (ScrumMasters : mettez-le dans votre boîte à outils !) :
L’idée derrière ce schéma est que face un problème, plutôt que de passer beaucoup d’énergie et de temps à étudier ses causes, cela vaut le coup de se focaliser d’abord sur la solution idéale (l’objectif) et de la définir précisément. A ce moment-là on peut alors découvrir qu’il y a un chemin possible pour arriver à l’objectif sans forcément résoudre le problème. Autrement dit, résoudre le problème, on s’en fiche. Le coaching se propose de nous aider à découvrir ce chemin.
Ce schéma heurte un peu nos sensibilités « cartésiennes », et semble aller à l’encontre de notre formation qui nous pousse à bien définir un problème. J’écris « semble » car la définition d’un bon objectif me semble bien faire partie de la bonne définition d’un problème ! Une illustration plus « technique » de ce principe : mon problème est d’arriver à améliorer tel indicateur de 10%. L’idée ci-dessus est plutôt de visualiser la solution idéale : idéalement, mon indicateur devrait être amélioré de 100% ! Une fois que j’ai réussi à imaginer cette solution idéale, je peux alors imaginer des chemins de progrès qui n’ont rien à voir avec les 10% sur lesquels je patinais. Cette démarche peut permettre de faire des sauts « conceptuels » au lieu de « sauts de puce » !
Bon, j’insiste un peu lourdement car cela me semble utile pour les ScrumMasters : face à tel obstacle, demandez-vous (ou demandez à l’équipe) quelle est la situation idéale à laquelle il faut arriver. Vous pourriez être surpris !
Retour au coaching après ce petit détour. Combien ca coûte ? Les coachs ont été relativement transparents sur la question. Le tarif va dépendre de la taille de l’entreprise, de sa situation économique, du niveau hiérarchique du client. Le tarif horaire pourra aller de 150-200€ à 500€ (dans ce dernier cas pour un cadre de haut niveau), voire 1000€ pour les grandes entreprises.
Dernier point : le coaching d’équipe. Il s’agit essentiellement de situations ou un manager demande de l’aide à un coach, sur des thèmes comme « mon équipe n’est pas motivée, n’a pas d’énergie, ne prend pas assez de décisions ». Dans ce type de situations le manager a le sentiment que son équipe a un potentiel inexploité.
Pour conclure, j’ai aussi eu ma petite séance de coaching personnel, en tête-à-tête avec un coach, et l’exercice a été vraiment intéressant et positif. Le coach m’a impressionné par sa capacité d’écoute et de reformulation, et j’ai pu voir concrètement que des questions assez standards (imaginez telle situation, mettez-vous à la place de votre interlocuteur, que ferez-vous si, comment imaginez-vous le succès de) pouvaient me clarifier les idées et me dynamiser. Cela concorde avec un des témoignages durant la matinée, où une personne a insisté sur la libération d’énergie qu’avait représenté le coaching pour lui.
Donc j’ai été convaincu, je suis même volontaire pour travailler avec un coach, reste à trouver un financement (un des thèmes des ateliers) !
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Merci Bruno pour ce retour
N’hésitez pas à participer à la discussion dans le forum sur le coaching : http://www.developpez.net/forums/d658575/general-developpement/conception/methodes/gestion-projet/coaching-personnel-equipe-attentes-demarche-experience-quen-pensez/
Quel courage de la part des coachs, donner leur rémunération !
… où l’on voit qu’il est mieux d’être coach que médecin, de nos jours… on savait déjà qu’il était plus rémunérateur de faire des eaux de jouvence plutôt que des médicaments… Qu’y faire, drôle de monde.
Et on tape encore une fois sur Descartes, il est vrai que ses fascicules ne coûtent que 3 euros en librairie (non, pas en pharmacie), et que, par dessus le marché, il n’a fait aucun powerpoint ! Il faut lire !
Allez, profitez des fulmineuses et décoiffantes libérations d’énergies réelles constatées.