mars
2009
N’avez-vous jamais trouvé étrange que dans les « romans d’affaires », comme le célèbre Le But : Un processus de progrès permanent, le héros qui fait face à un problème insoluble prend souvent sa voiture, et roule plusieurs heures tout en réfléchissant à ses difficultés ? Moi cela m’a toujours surpris. J’ai longtemps mis ca sur le compte d’une particularité culturelle américaine, en lien avec les grands espaces et la prédominance de la voiture comme moyen de transport. Toutefois j’ai changé d’avis récemment en lisant Dessiner grâce au cerveau droit. L’auteur, Betty Edwards, y explique que la conduite sollicite fortement notre cerveau droit, cerveau droit que certains d’entre-nous sous-utiliserions dans la résolution de problèmes. Betty Edwards animait d’ailleurs des séminaires en entreprise pour aider les gens à mieux réfléchir grâce au dessin.
Cette idée d’un rôle asymétrique des deux hémisphères du cerveau ne semble pas avoir de réalité neurologique (voir par exemple Cerveau droit, cerveau gauche : le mythe). Il n’empêche que je me retrouve dans la description du mode « cerveau gauche » (verbal/analytique/séquentiel), et je me suis aperçu qu’il m’était utile de faire travailler délibérément un mode « cerveau droit » (visuel/perceptif/simultané). C’est particulièrement vrai en résolution de problèmes informatiques, comme le développement de nouveaux algorithmes ou l’investigation de problèmes mystérieux.
Dans ce billet je décris une technique moins dangereuse que la méthode américaine basée sur la voiture, à savoir l’utilisation de cartes mentales.
Pour la résolution de problèmes (et pour d’autres usages aussi), justement je trouve très utile les cartes mentales (ou mindmaps). Les cartes mentales sollicitent naturellement le mode « cerveau droit » grâce à leur caractère spatial, les couleurs, les frontières, les relations entre sujets, les formes des branches.
En particulier les cartes permettent de suivre simultanément plusieurs branches de raisonnement, et de les restructurer très facilement au fur et à mesure que l’on découvre de l’information. Mais il arrive souvent un moment où il semble impossible d’aller plus loin. J’ai constaté que solliciter plus fortement le « cerveau droit » en manipulant en plus des images dans une carte permettait parfois de trouver de nouvelles idées. J’utilise deux sources d’images. D’une part des copies d’écran relatives au problème en cours. D’autre part une bibliothèque de cliparts (souvent obtenus via Microsoft Office) comme ceux que j’ai organisés dans la carte ci-dessous :
Cette carte illustre en outre une autre technique pour fonctionner plus en mode « cerveau droit » : améliorer la structure spatiale l’aspect, l’équilibre) de la carte sans chercher à ajouter de nouvelles informations. Voici la même carte réorganisée :
(vous pouvez télécharger la carte au format pdf ou au format MindManager).
Et vous, quelles sont vos techniques pour fonctionner en mode « cerveau droit » ?
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@JavaLilk, merci pour le feedback. Gribouiller un dessin c’est un excellent point de départ. Les cartes mentales te permettraient peut-être de faire ca très efficacement, soit à la main (option préférée par beaucoup de gens, cf le commentaire de @ehsavoie ci-dessus) soit avec un logiciel (ce que je préfère).
Pour les boutiques, les livres de Buzan devraient se trouver dans le rayon développement personnel, créativité, mémoire, ceux de B. Edwards au même endroit ou dans le rayon dessin. je les ai achetés sur internet donc je ne suis pas sûr.
Le livre « Une tête bien faite » semble être la meilleure introduction aux autres livres de Buzan (il en a écrit beaucoup).
Bruno
J’ai trouvé ton article très intéressant.
Personnellement pour « débloquer » mon cerveau droit (jusqu’à maintenant c’était plutôt inconscient), je fais tourner mon crayon ou je gribouille un dessin. C’est comme conduire, c’est plutôt intuitif mais ça force la concentration.
Dans quel rayon des boutiques de livres je peux trouver les livres de B Edwards, ou T Buzan?
@Grahack, merci pour la proposition de jouer sur KGS. Je la garde en réserve – pour le moment j’essaie d’avancer sur un nouvel article.
Bruno
Pour le go, je disais: « Ce n’est pas une technique à mettre en route au moment où l’on se trouve face à un problème », mais peut-être que je me trompe, c’est peut-être comme la conduite.
En attendant je préfère faire une pause puis rattaquer le problème à résoudre plutôt que jouer au go, qui fatigue et éloigne du but.
Ylarvor ou Bruno, on peut se retrouver sur gokgs.com (j’y ai le compte Gra). Apprendre ou jouer contre un programme n’est jamais très très bon.
ben, ca fait des graphs dans a peu pres tous les styles
http://www.yworks.com/en/products_yfiles_practicalinfo_gallery.html
c’est pas spécialement dédié au mindmapping, mais ca le fait peinard. Tree Layout par exemple.
Merci pour le lien. Ce yed a l’air de faire beaucoup de choses mais toutefois je n’ai pas vu de mindmaps sur leur page de démos. Par contre imindmap correspond mieux à ce que je cherche (voir la démo flash sur leur page d’accueil http://www.imindmap.com/ – en anglais). Mais il n’est pas gratuit !
Bruno
je pense que http://www.yworks.com/en/products_yed_about.html yed est capable de faire ce genre de graph organique.
Emmanuel, je suis assez convaincu des bénéfices de les faire à la main, mais cela me frustre trop dès que je veux changer quelque chose. En fait j’ai commencer par en faire à la main il y a 10 ans environ, mais j’ai arrêté dès que j’ai pu utiliser des logiciels (Inspiration puis MindManager 2002). Je ne suis pas revenu en arrière. La seule chose que je n’aime pas dans le logiciel que j’utilise en ce moment (maintenant MindManager 6) c’est que je n’arrive pas à donner cette apparence « organique » des cartes à la Buzan. J’essaierai prochainement iMindMap que Buzan fait développer depuis quelque temps.
Je poursuis ma lecture du livre de Hunt !
A+
Bruno
J’aime bien les mind maps que j’ai redécouvert récemment. J’avais fait l’erreur de commencer par utiliser un logiciel pour les réaliser et depuis que je les fais « à la main » en dessinant sur papier je me sens beaucoup plus à l’aise et créatif (peut être parce que le dessin stimule aussi la partie non linéaire du cerveau). C’est aussi ce que préconise /ndy Hunt dans son dernier livre (si tu vas dans les dernbiers chapitres ;o) ).
Bonne journée,
Emmanuel
tres intéressant. j’utilise souvent les cartes mentales en début de projet, mais j’avoue que je n’étais jamais intéressé aux théories qu’il y a derrière. Ca rejoint un peu les cotés solaire/lunaire de l’intellect que l’on retrouve dans bon nombres d’écrits (plus ou moins serieux).
En fait la musique c’est trop riche et complexe pour ne correspondre qu’à un seul mode. J’aime bien cette formulation On a pu poser la question de savoir où se trouve le cerveau musical. Mais alors que le langage est attribué pour l’essentiel aux réseaux de l’hémisphère cérébral gauche, la musique serait « distribuée » dans les deux hémisphères du cerveau. La complexité du phénomène musical vient du « divorce » entre l’émotion musicale et la connaissance musicale. trouvée ici : http://web.cast.free.fr/webcast04/webcast04.htm
Bruno
D’abord, Merci pour cet article qui m’a beaucoup intéressé.
Premièrement, je doute que la musique soit associée au cerveau droit, je l’associerai plutôt au cerveau gauche ( parole ).
Deuxièmement, le cerveau droit, c’est aussi la compétition plus que la coopération.
Néanmoins:
– J’ai trouvé un logiciel de go sur internet et je compte bien m’y mettre afin de développer ma spatialisation.
– Je suis possesseur de l’ouvrage « une tête bien faite » mais pour l’instant, je n’arrive à dévorer que des romans!
en effet il ne s’agit pas de privilégier un mode par rapport à un autre, mais de tous les développer, voire d’entraîner un peu plus le plus faiblard si il y a lieu. La musique est en effet un autre moyen de changer de mode, comme certainement d’autres arts. Intéressante cette piste du jeu de go, mais je suis sans doute trop débutant en go pour en constater les bénéfices pour l’instant ! J’essaierai tout de même de jouer au go un moment la prochaine fois que je bute sur un problème à résoudre.
Bruno
Bonjour, je n’ai pas vraiment de technique précise, à part peut-être celle du vide. En effet, après avoir bloqué trop longtemps sur un problème, le fait de faire une pause de 15 secondes sans penser à rien me permet de faire place nette pour de nouvelles investigations.
Mais bon, ceci n’est pas vraiment lié au cerveau droit (je passe les conditions de fatigue à éviter bien sûr).
En revanche, je suis convaincu que certaines activités peuvent aider à « basculer cerveau droit ». Ce n’est pas une technique à mettre en route au moment où l’on se trouve face à un problème, mais une habitude que le cerveau peut gagner pour faciliter le « laisser glisser ». Je pense au jonglage, à la musique et au jeu de go.
Pour jongler, on a besoin de rationaliser ses mouvements, mais cela ne suffit pas, il faut que les membres apprennent par les sensations. Je pense déjà ici que des allers-retours se font entre les deux cerveaux.
De plus, une fois que « cela tourne », on ne se concentre plus sur les objets qui passent de mains en mains, mais sur une figure à déclencher, à la personne à qui l’on montre le tour ou à qui l’on parle, ou même mieux, avec qui l’on jongle. On se met à faire des allers-retours entre la vision globale de la situation et la vision d’un objet en particulier.
La musique peut apporter les mêmes sensations que le jonglage de ce point de vue là, et même d’autres. En effet il est possible de jouer et d' »entendre » (au sens « envisager » ou « conceptualiser ») deux voix (deux instruments par exemples) en même temps. Après une demi-douzaine d’année de pratique de divers instruments, seuls mes cours de piano tardifs m’ont permis de mettre le doigt (ou le cerveau) sur cette sensation. Pareil si l’on fait de la batterie en faisant jouer ses membres de façon indépendante.
Je suis convaincu que cette histoire de voix séparées peut aider à laisser cheminer plusieurs idées en même temps (bon de façon restreinte hein, pas jusqu’à la schizophrénie) pour pouvoir un peu les diriger et arriver à une solution.
Quant au jeu de go, le « sens global » que l’on y travaille est selon moi une invitation directe à utiliser son cerveau droit. Plus que pour résoudre directement un problème, il peut aider à réaliser que le problème à résoudre n’est pas le bon.
C’est marrant car je me disais justement que l’abscence d’interface graphique (utiliser un ordinateur exclusivement en ligne de commande pour les sysadmins par exemple) pouvait justement aider à penser abstrait, poussait le cerveau à résoudre des problèmes sans la vue, à coups de « pipe grep pipe machin ». C’est donc l’inverse du propos ici, avec lequel je suis pourtant tout à fait d’accord. Une de mes gourous-prof-de-maths disait qu’on ne pouvait commencer un exo de géométrie sans un bon schéma.
Bon, je pense que c’est comme tout, qu’il faut savoir faire les deux!
Merci pour le feedback. Pour découvrir les cartes, les livres de Tony Buzan (leur « inventeur ») sont intéressants. Par exemple « Une tête bien faite ».
Bruno
Bonjour !
J’ai trouvé ton article très intéressant, ayant aussi lu avec un vif intérêt le livre de B. Edwards. Je fonce regarder de plus près ces cartes mentales. Merci !